Read Ebook: Mémoires de Madame la Duchesse de Tourzel tome premier Gouvernante des enfants de France pendant les années 1789 à 1795 by Tourzel Louise Elisabeth Duchesse De Des Cars Fran Ois Joseph De P Russe Duc Editor
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Ebook has 850 lines and 101545 words, and 17 pages
Editor: Fran?ois-Joseph, duc des Cars
Note de transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.
Sur la page 258, le nom incorrect D'AUMONE, a ?t? corrig? en D'AUMONT.
THE FRENCH REVOLUTION RESEARCH COLLECTION
LES ARCHIVES DE LA REVOLUTION FRAN?AISE
PERGAMON PRESS
Headington Hill Hall, Oxford OX3 0BW, UK
M?MOIRES
DE MADAME
LA DUCHESSE DE TOURZEL
L'auteur et les ?diteurs d?clarent r?server leurs droits de traduction et de reproduction ? l'?tranger.
Ce volume a ?t? d?pos? au minist?re de l'int?rieur en mai 1883.
PARIS.--TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET Cie, RUE GARANCI?RE, 8.
M?MOIRES
DE MADAME
LA DUCHESSE DE TOURZEL
GOUVERNANTE DES ENFANTS DE FRANCE
PENDANT LES ANN?ES
PUBLI?S PAR
LE DUC DES CARS
TOME PREMIER
PARIS E. PLON et Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS 10, RUE GARANCI?RE
INTRODUCTION
Les M?moires que nous soumettons aujourd'hui au public n'ont, jusqu'ici, jamais ?t? imprim?s. Depuis fort longtemps la nombreuse descendance de madame la duchesse de Tourzel et le cercle restreint d'amis qui seuls avaient eu connaissance de ce pr?cieux manuscrit en sollicitaient avec instance la publication, sans que madame la duchesse des Cars, petite-fille de madame de Tourzel, entre les mains de qui il ?tait venu par h?ritage, ni, apr?s elle, M. le duc des Cars, son fils, aient cru devoir acc?der ? ce d?sir. Les motifs d'une pareille r?serve sont faciles ? comprendre, si l'on se reporte par la pens?e aux ?poques troubl?es que d?crivent ces M?moires. Toute la g?n?ration qui a travers? la p?riode r?volutionnaire a gard? des sc?nes terribles auxquelles elle avait assist? une impression dont la vieillesse m?me n'a pu ?teindre la douloureuse vivacit?. Lorsque, plus tard, la police de Napol?on Ier entoura d'une surveillance odieusement vexatoire les personnes que leur position et leur attachement connu ? la famille royale d?signaient ? l'ombrageuse m?fiance de l'Empereur, les habitudes de circonspection qu'elles avaient contract?es pendant leur jeunesse devinrent la r?gle de conduite de leur vie tout enti?re, et ces sentiments s'?taient transmis ? leurs enfants, t?moins attrist?s des inqui?tudes, parfois m?me des dangers auxquels leurs parents et eux-m?mes ?taient expos?s.
Le public trouvera, nous l'esp?rons, un vif int?r?t ? suivre dans ce r?cit authentique le d?veloppement des terribles ?v?nements et des catastrophes qui ont marqu? la fin du si?cle dernier; il y verra l'origine de ces convulsions qui, apr?s avoir d?sorganis? et boulevers? toute une soci?t?, continuent encore ? troubler l'?poque o? nous vivons. La famille de madame de Tourzel sera heureuse de voir au milieu de quelles circonstances se sont r?v?l?s le courage, le sang-froid, le d?vouement qui ont acquis ? l'auteur de ces M?moires un tel renom parmi ses contemporains et rendent ses descendants si justement fiers de lui appartenir.
Nomm?e gouvernante des Enfants de France au lendemain de la prise de la Bastille, madame de Tourzel fut, on peut le dire sans crainte, la derni?re, la seule confidente des malheureux princes auxquels le danger, en rel?chant bien vite les entraves de l'?tiquette, permettait de suivre leur penchant pour les tendres effusions du coeur et de l'intimit?.
Pendant cette cruelle agonie de la royaut?, alors qu'une surveillance savamment grossi?re ?pie les moindres mouvements et jusqu'aux impressions du Roi et de la Reine, quand La Fayette semble chercher dans les humiliations qu'il inflige ? la famille royale une sorte d'orgueilleuse jouissance, c'est dans l'appartement de madame de Tourzel que les malheureux princes viennent chercher un moment de calme et l'oubli de leurs souffrances. C'est l? qu'ils versent, loin des regards impies, ces larmes am?res que l'histoire a soup?onn?es jusqu'ici plut?t qu'elle n'en a eu la preuve, car, une fois la porte franchie de nouveau, les devoirs sublimes de la royaut? imposaient ? ces nobles et saintes figures le masque d'une r?signation surhumaine. Ces larmes, madame de Tourzel en a ?t? l'unique t?moin. Dans les douloureux ?panchements auxquels elle a assist?, elle a saisi le secret de cette bont? que l'on a, parfois, pu qualifier de faiblesse, mais qui puisait sa source dans le plus ardent amour de la France. Aussi, lorsqu'apr?s bien des ann?es, dans une retraite que lui conseillaient ? la fois les circonstances et son imp?rissable douleur, la gouvernante des Enfants de France a voulu nous laisser le r?cit de ces funestes ?v?nements, elle en cherche l'appr?ciation dans le souvenir qu'elle a gard? de ces supr?mes et cruelles confidences. C'est l? ce qui distingue, entre tous, les M?moires de madame la duchesse de Tourzel, et c'est pour cela que nous n'h?sitons pas ? les consid?rer comme un document historique d'une valeur absolument incomparable.
Louise-?lisabeth-F?licit?-Fran?oise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Jos?phine de Croy-Havr? naquit ? Paris le 11 juin 1749. Elle ?tait le cinqui?me enfant et la quatri?me fille de Louis-Ferdinand-Joseph de Croy, duc d'Havr?, prince et mar?chal h?r?ditaire du Saint-Empire, marquis de Vailly, comte de Fontenoy, ch?telain h?r?ditaire de Mons, grand d'Espagne, etc., tu? au combat de Filingshausen en 1761, et de Marie-Louise-Cun?gonde de Montmorency-Luxembourg.
Le duc de Croy-Havr?, p?re de madame de Tourzel, avait trois soeurs: 1? Marie-Louise-Josephe, n?e le 22 f?vrier 1714, qui avait ?pous? le comte de Tane, gentilhomme pi?montais; 2? Marie-Anne-Charlotte, n?e le 12 mai 1717, qui avait ?t? mari?e le 1er avril 1737 ? Joachim-Antoine Ximen?s, marquis d'Arizza, grand d'Espagne; 3? Pauline-Josephe, qui se fit religieuse.
Les autres enfants, issus du m?me mariage, furent Joseph-Anne-Auguste-Maximilien de Croy, duc d'Havr?, mort en 1839, ? quatre-vingt-seize ans,
Marie-Anne-Christine-Jos?phine, comtesse de Roug?, morte ? Paris en 1788; Emmanuelle-Louise-Gabrielle-Jos?phine-Cun?gonde, religieuse de la Visitation; enfin Marie-Charlotte-Jos?phine-Sabine, marquise de V?rac.
Le marquis de Tourzel ?tait fils de Marguerite-Henriette Desmaretz, fille du mar?chal de Maillebois: en premi?res noces son p?re avait ?pous? Charlotte-Antoinette de Gontaut, fille du mar?chal de Biron; elle mourut en 1740, laissant quatre enfants: 1? Ursule, n?e en 1754, qui ?pousa Louis-Fran?ois-Ren?, comte de Virieu; 2? Judith, qui ?pousa, en 1755, Anne-Joachim-Annibal, comte de Rochemore; 3? Gabrielle-Louise-Genevi?ve; 4? Marie-Louise.
Le marquis de Tourzel eut un fr?re, le comte de Montsoreau, qui eut deux filles: l'une ?pousa le duc de Blacas; l'autre, le comte Auguste de la Ferronnays.
Mourut sans enfants.
Elle eut un fils, Camille, et une fille, Virginie, depuis duchesse de Mortemart.
Elle eut deux filles: Philippine, comtesse d'Im?court; Antoinette, comtesse de Coss?, et un fils, Charles de Sainte-Aldegonde.
Elle eut une fille, la comtesse de Villefranche, et un fils, le comte Hector de B?arn.
Le cinqui?me enfant de madame de Tourzel fut Charles-Louis-Yves du Bouchet de Sourches, deuxi?me marquis de Tourzel et dernier grand pr?v?t de France.
Charles-Louis-Yves du Bouchet de Sourches eut, de son mariage avec mademoiselle Augustine de Pons, derni?re du nom, qu'il ?pousa en 1796 , cinq enfants: Auguste, duchesse des Cars; L?onie, duchesse de Lorges; H?l?ne, comtesse d'Hunolstein; Roger, mort en bas ?ge, et Olivier, duc de Tourzel. Ce dernier ?pousa Anastasie de Crussol d'Uz?s, dont il eut un fils qui mourut ? l'?ge de huit ans. Son p?re lui surv?cut fort peu, et, ? sa mort, les papiers de la famille de Tourzel, ainsi que les pr?cieux souvenirs de la captivit? de la famille royale, pass?rent ? madame la duchesse des Cars, morte en 1870. Le manuscrit original de ces M?moires est devenu de cette fa?on la propri?t? de M. le duc des Cars, petit-fils de madame de Tourzel. Il poss?de aussi le tr?s-int?ressant portrait reproduit en t?te de ce volume. Ce portrait, command? au peintre Kouarski par la reine Marie-Antoinette, pour la gouvernante des Enfants de France, comme t?moignage de reconnaissance de son d?vouement, fut interrompu par la journ?e du 10 ao?t et est rest? dans l'?tat o? la r?volution l'a surpris.
Le Roi voulut sur-le-champ donner ? son fils la survivance de la charge de grand pr?v?t de France. En vain lui fit-on observer que le jeune marquis de Tourzel n'avait pas encore atteint l'?ge de la majorit?, condition indispensable pour remplir ces hautes fonctions: <
Le nouveau grand pr?v?t de France se montra, du reste, digne de la faveur royale, et nous verrons au cours de ces M?moires avec quel courageux d?vouement, au milieu des plus grands dangers, il sut remplir, jusqu'? la fin, les devoirs qui lui avaient ?t? d?volus dans d'aussi solennelles circonstances.
Apr?s ce terrible d?no?ment, madame de Tourzel rentra dans la retraite. Tout enti?re ? sa douleur et aux tendres soins dont elle entourait l'enfance de sa fille Pauline, il semblait que sa vie f?t termin?e pour le monde, et qu'elle ne d?t plus jamais repara?tre dans le milieu brillant o? elle avait su faire admirer de tous ses vertus et ses nobles qualit?s.
Dieu en avait dispos? autrement.
Pendant ces funestes ann?es de 1787 et de 1788, les ?v?nements march?rent vite. Aux intrigues de cour, que suscitait le duc d'Orl?ans pour ternir l'?clat de la majest? royale, avait bient?t succ?d? l'agitation des assembl?es des notables, puis le mouvement plus redoutable des ?tats g?n?raux. D'un bout ? l'autre du royaume, les esprits ?taient en effervescence; toutes les bases de la monarchie ?taient ? la fois ?branl?es, et la foule apprenait d?j? ? r?p?ter, tant?t avec menace, tant?t avec amour, les noms des nouveaux acteurs qui allaient faire leurs d?buts sur la sc?ne de la politique. La faction d'Orl?ans, n'osant pas encore s'en prendre directement au Roi, et comprenant, du reste, que le caract?re ?nergique de la Reine opposerait ? la r?volution le plus s?rieux obstacle, attaquait sans rel?che cette princesse, en calomniant de la fa?on la plus odieuse les personnes qu'elle honorait de son amiti?. Au premier rang, parmi celles que mena?aient les haines populaires, se trouvait la duchesse de Polignac; aussi, lorsque la prise de la Bastille eut montr? aux hommes de d?sordre qu'ils pouvaient impun?ment se livrer aux derniers exc?s, la malheureuse Reine comprit qu'il fallait se s?parer de l'amie d?vou?e ? qui elle avait confi? le soin de ses enfants. Madame de Polignac prit donc une des premi?res la route de l'?migration, pour rejoindre ? Turin le prince de Cond? et le comte d'Artois: la place de gouvernante des Enfants de France devint ainsi vacante; mais cette charge, qui, ? d'autres ?poques, e?t ?t? un honneur envi?, n'?tait plus, dans les circonstances pr?sentes, qu'un poste p?rilleux de sacrifice et de d?vouement.
Pour remplir une telle mission, il fallait une personne d'un grand caract?re, incapable de balancer entre le danger et l'accomplissement de son devoir, pr?te ? sacrifier, sans h?siter, ses affections les plus ch?res pour r?pondre ? la confiance royale, et dont le nom respect? de tous ne soulev?t pas, tout d'abord, les pr?jug?s haineux de l'esprit public. Une si haute abn?gation, de telles qualit?s sont toujours rares; cependant le choix de la Reine se fixa imm?diatement sur madame de Tourzel, tant son m?rite ?tait ?clatant et incontest?.
La marquise de Tourzel fut donc nomm?e gouvernante des Enfants de France, et la premi?re fois qu'elle vit la Reine en cette qualit?, elle fut salu?e par une de ces paroles o? l'infortun?e Marie-Antoinette savait mettre toute la gracieuse d?licatesse de son coeur: <
C'est ? ce moment que s'ouvrent les M?moires.
Nous ne nous permettrons pas, m?me par la plus modeste des analyses, d'empi?ter sur ces pages ?mouvantes, qui embrassent les derni?res ann?es de la vieille monarchie fran?aise, de la prise de la Bastille ? la fin de la Terreur.
Apr?s huit ann?es de mariage, la Reine avait donn? le jour ? une fille, Marie-Th?r?se-Charlotte, qui naquit ? Versailles, le 19 d?cembre 1778, et mourut en exil, en 1854, apr?s avoir ?puis? tout ce qu'une vie humaine peut conna?tre de douleurs et de d?ceptions: ce fut l'h?ro?que prisonni?re du Temple, depuis, madame la Dauphine.
Peu apr?s cet ?v?nement, que la France enti?re salua de ses acclamations enthousiastes, la Reine fit une fausse couche, et ce fut seulement le 22 octobre 1781 que le canon des Invalides annon?a la naissance de Louis-Joseph-Xavier-Fran?ois de France, d?sign? dans l'histoire comme le premier Dauphin. En effet, ce jeune prince, dont la belle sant? et la pr?coce intelligence autorisaient les plus l?gitimes esp?rances, devint tout ? coup rachitique et s'?teignit ? Meudon au mois de juin 1789.
Enfin, le 9 juillet 1786, naissait ? Versailles Sophie-H?l?ne-B?atrix, qui mourut le 19 juin suivant.
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